ÉPIGRAMME  短诗

(duan shi, court poème)

 

到中国去了
       住过三天了,
       得写一文章。
       住过三个月,
       就编一本书。
       住过三年呢,
           开始明白了!


(dao zhongguo qu le, 

zhu guo san tian liao, 

de xie yi wenzhang; 

zhu guo sange yue, 

jiu bian yi ben shu; 

zhu guo san nian ne, 

kaishi mingbai le !)


"Se rendre en Chine,
y séjourner trois jours,
alors écrire un article.
Y séjourner trois mois,
puis rédiger un livre.
Y demeurer trois ans,
et commencer à comprendre ... "

 

JVG, 2 juin, fllc:

Nos récents échanges sur les compléments de durée, certains messages sur le forum d'à côté concernant la voracité cantonaise, l'hygiène sur les marchés ou les liens entre trilles et triades, plus de doctes commentaires sur l'incompatibilité entre le ballon rond et la consommation de viande canine, m'ont amené à donner fort à une pensée qui me trotte dans la tête depuis une bonne décennie.
Il me semble que (我想) et AMHA (suit le texte de l'épigramme à un caractère près)

Quelques justifications pour les tournures de phrases et le lexique:
On écrira
三个月 au lieu de 三月 (三天, 三年) pour, à mon avis, éviter la confusion avec le mois de mars. Je me demande si "treize mois" se dirait effectivement 十三月 ...

William Wu: Oui, ça se dit

Hashi: Tout comme en japonais, on écrit "一ヶ月" pour dire "un mois" pour le
différencier de "
一月" (janvier).
En plus l'idéogramme chinois "
" se prononce "ka" en japonais, tout comme le
"
".

JVG:

en début de phrase: marque l'approbation, une certaine satisfaction de soi
(deuxième ton)

William Wu: Tiens je croyais que c'était de "l'argot" cantonnais


JVG:
, 就这么办, OK, faisons juste comme cela, nous dit le dictionnaire

, pian, spécificatif http://site.voila.fr/fllcjvg/specifitab.htm pour les
compositions écrites, poèmes, feuillets ...

, zhang, on dit plutôt 文章 wen zhang, "chapitre de langue", pour article

, bian, éditer, composer. Sens premier: quelque chose comme tisser, d'où la
clef de la soie

明白, mingbai, blanc-brillant, donc clair, comprendre. On peut préférer 清楚
qingchu, clair, distinct, voire dong, comprendre, savoir.

En vérifiant la clef de qing dans qingchu, tombé sur un joli chengyu:
青出于蓝 qing chuyu lan, le bleu profond () provient du bleu-vert (), l'élève
surpasse le maître. France-Sénégal ?

Qi Wang: 青出于蓝
>
> Le sens literaire de ce chengyu:

> La couleur du bleu, ou indigo?
>
La plante indigotier
>
> La couleur étant extraite et travaillée provient de la plante, elle est
> plus pure et foncée que cette dernière. C'est ou vient cette comparaison
> de la relation élève - professeur.
>
Compilateur:

http://site.voila.fr/fllcjvg/lecons/dixsept.htm#yanse pour les couleurs.

L'indigo est en fait bleu foncé, presque violet. 

par contre, signifie à la fois bleu et vert (d'après le dictionnaire) - le breton partage cette particularité avec le chinois, la mer comme le ciel y sont glaz.
Probablement y a-t-il d'autres langues opérant de même, mais lesquelles ? -

Siva: Le breton et d'autres langues celtes. 

Le découpage des couleurs varie énormément d'une langue à l'autre.

Certaines, comme le latin, ne classent pas seulement selon les teintes
mais aussi selon la luminosité : ainsi, pour dire blanc, plusieurs
possibilités, albus « blanc mat » ~ candidus « blanc brillant ». 

J'avais un document très intéressant sur le sujet, qui partait d'un cas limite,
une langue dans laquelle seules deux teintes (foncé / clair) sont
distinguées, au cas limite inverse, en passant par les langues qui
regroupent des nuances que nous établissons en français. Impossible de
mettre la main dessus...


JVG, poursuivant: 

est plus éclatant, plus primaire comme couleur.
"L'azur provient de l'indigo" serait peut-être une bonne traduction, étant
entendu qu'en français (comme en chinois), indigo peut désigner aussi bien
la plante que la couleur.
Ou bien, "l'azur est une sorte de bleu", "azur" étant un terme noble, ce qui
rendrait mieux la relation de dépassement maître élève.

Sinon, j'aimerais bien avoir votre avis, au moins syntaxique, sur l'épigramme, que j'ai bricolé avec mes faibles moyens intellectuels et mon manque de pratique. 

Siva: Moi, j'aime beaucoup ; concis, clair et très parallèle, comme de la poésie. Faisons-en la devise de fllc !

Compilateur: Voilà ce que je souhaitais lire - mais j'aimerais bien savoir ce que Qi Wang, William Wu ou Georges Ko en pensent, avant d'abuser d'un septain (?) peut-être fort bancal. Car malgré les apparences que je me donne, mes limites en chinois sont fort vite atteintes. Vous savez, ciel voilé, femme fardée, beau temps de courte durée ...

JVG: A propos de l'épigramme, et sur la suggestion de Siva de l'arborer, ci-après une réaction de Chine dont je ne suis pas peu fier (en anglais):


"Dear Tiger,
I have visited your site.  You have done a lot.  It is very convenient to find things after the search engine there especially for the person like me who does not understand your language at all.  

I viewed your new topics but have not have time to translate into English but I guess I can understand more or less. Many
things I do not know although I am the native speaker. Very impressing!

Regarding the attached Poem, I can fully understand but I can never write in this way. Perhaps you change the Pian(1)zhang(1) to wen(2)zhang(1), and read it again, you will see slightly difference.  Anyway, this is nice already.
(signé: Lapin)
"

(je passe des allusions et impatiences plus personnelles)

文章 signifie article. J'aime bien cette hardiesse d'omettre le spécificatif - la poésie, c'est cela aussi, pas vrai ?

Allons, est-ce pesé ?

William Wu: de reproduire l'épigramme en ajoutant

"Me demander quoi donc ? :) "

Siva: Fiou ! Quelle gloire ! Félicitations, vous ne vous contentez pas de lire la poésie chinoise, vous l'écrivez. Je suis pour la nouvelle mouture, et je trouve la devise très réussie, tant sémantiquement que stylistiquement.

 

DONT ACTE ... jvg, 6.6.02