Retour accueil ...     Sinicismes 

汉语特有的表达方式

 

[NOTE DU COMPILATEUR EN GUISE D'INCIPIT:

 "GALLICISME", EN CHINOIS, SE DIT D'APRÈS LE DICTIONNAIRE

法语特有的表达方式 FA YU TEYOU DE BIAODA FANGSHI

SOIT "FRANCE-LANGUE SPÉCIAL-AVOIR (DE) SURVEILLER-COMMUNIQUER SEULEMENT-STYLE" OU, EN GROS, "STYLE UNIQUE D'EXPRESSION  À SENS SPÉCIAL PROPRE À LA LANGUE FRANÇAISE".

J'AI DONC PRÉSUMÉ a) QUE "SINICISME" EXISTAIT; b) QUE CELA SE DISAIT COMME CI-DESSUS.

QUE CELUI QUI N'A JAMAIS NÉOLOGISÉ 

ME JETTE LE PREMIER PHONÈME ... ]

Précisions de février 2003 ...

SIVA, fllc, 28 mai 2002: 

Mes premiers articles sur les chengyu * ont caché la forêt immense des richesses idiomatiques chinoises. 

Tentons de corriger...

成語 <chéngyǔ> « expressions toutes faites » : 

La plupart du temps tétrasyllabiques, ce sont des condensés de récits, de fables.

Généralement en chinois classique, leur syntaxe ne respecte pas celle du chinois moderne. 

Exemple : 回頭是岸 <huí tóu shì àn> « tourne la tête : c’est le rivage » « se repentir et être sauvé ». 

Le plus célèbre est 杯弓蛇影 <bēi gōng shé yǐng> « tasse arc serpent reflet », que l'on ne peut comprendre que si l'on connaît l'histoire de cet homme apeuré par le reflet de son arc dans sa tasse, reflet qu'il a pris pour un serpent...

[NDC, août 2007. A noter désormais la présence sur   

d'un excellent répertoire de chengyu avec fonction recherche ...]


*
慣用語 <guànyòngyǔ> : « expressions usuelles » : Expressions idiomatiques composées généralement d’un prédicat dissyllabique et d’un objet ; le tout respecte la grammaire moderne.

Ce sont souvent des expressions tirées de domaines techniques.

Patrick Doan, dans son _Florilège de locutions idiomatiques de la langue chinoise / 惯用语选集 (慣用語選集)_ (chez 友豐), les nomme « locutions idiomatiques tropologiques en trois caractères ».

 Exemples : 

喝喜酒 <hē xǐjiǔ> « boire le vin du bonheur » 

« assister à un mariage » ;

溜沟子 / 溜溝子<liū gōuzi> « se glisser dans le fossé » 

« fayoter » ;

一风吹 / 一風吹 <yì fēng chuī> « souffler une bourrasque de vent » « passer l’éponge »…



*
言語 <yányǔ> « proverbe » 

  俗語 <sìyǔ> « dicton » :

(Ces deux catégories ne sont pas clairement distinguées ; de nombreux ouvrages les échangent ou les confondent. Grammatici certant…

A la manière de leur homologues français, ils forment des propositions entières et indépendantes, mettant en scène de manière allégorique et plaisante des vérités gnomiques, des morales… 

Exemple : 

雞多不下蛋 <jī duō bù xià dàn> « quand les poules sont nombreuses, elles ne pondent plus ». 

Ils dépassent fréquemment les quatre caractères, puisque ce sont de véritables phrases.

*
歇後語 <xiēhòuyǔ> « expressions en suspens » : 

Il s’agit dans ce cas de donner la première partie d’une expression et de taire la seconde, qui, elle, porte le sens, allégoriquement, de ce que l’on veut dire.

Voici ce que cela donnerait, mutatis mutandis, en français : 

« quand le chat n’est pas là… » (« … les souris dansent » est sous-entendu).
Exemple : 肉包子打狗… « Lancez une boulette de viande au chien… » (et vous êtes sûr qu’il ne la rapportera pas). 

On pratique ce genre de locutions en France, mais pas de cette manière, car si l'on dit « chassez le naturel... » ou, 

plus vulgairement « parle à mon cul... », 

il s'agit ici de la volonté stylistique de ne pas finir la phrase, 

alors que l'on pourrait le faire, tandis qu'en chinois certaines expressions toutes faites semblent ne pas avoir de fin réelle.

=========================================

    Voilà ; à vous maintenant de trouver d'autres exemples ; je dispose quant à moi d'un dictionnaire en plus de 1060 pages de 

成語 (_新编汉语成语词 典_ / _新編漢語成語詞典_) , 

et l'ouvrage de Patrick Doan indiqué plus haut

(440 pages environ).

En revanche, je n'ai rien de comparable pour les dictons et « expressions en suspens ».

            月影

MAJ 1.06.02, JVG



NDC. Voir également quelques autres expressions idiomatiques sur bricbroc.htm

et certaines précisions sur faqfllc/PartV.htm#sigles

PLUS ET CI-APRÈS 

UN DIALOGUE INSTRUCTIF ENTRE Pierre Guillemot et Éric Lemoine, avec aparté de Gbog -

février 2003

Pierre Guillemot :
> Je suis en train de lire le recueil de Simon Leys "Essais sur la
> Chine" (Bouquins, Laffont), où l'auteur, 68 ans cette année, se venge
> de ceux qui avaient écrit des inepties rouges et dorées sur la Chine
> maoïste dans les années 60-70, rien qu'en republiant ses propres
> textes de l'époque. Dans le genre léger, il rappelait en 1976, juste
> après la mort du Grand Timonier, l'interview donnée par Mao à Edgar Snow .

>
> A la question "Comment vous définiriez-vous vous-même ?"
> Mao aurait répondu
>  和 尚  大 伞    ( he2shang4 da4 san3 )
> "moine, grand parapluie"
> ce que Snow traduit diligemment  "comme un moine solitaire marchant
> sous une ombrelle trouée".

>
> Simon Leys nous dit que c'est une vieille devinette, dont la solution
> est:
> 无 发 无 天  ( wu2 fa4 wu2 tian1 )
> ce que voit une puce installée sur le crâne rasé du moine,
> "pas de poils, pas de ciel" (caché par le parapluie);
>
> et moyennant un changement de ton, on a:
> 无 法 无 天  ( wu2 fa3 wu2 tian1 )
> "pas de loi, pas de Dieu" (sans foi ni loi).

Éric Lemoine: 
Me référant à une autre source (cf. § suivant), il semblerait que la
phrase exacte soit :
和尚 打伞 (he2shang4 da3san3)
dont le pendant est effectivement 无发(法)无天
La traduction littérale «le bonze tient un parapluie -- il n'a ni cheveu
(loi) ni ciel» signifie en général /sans foi ni loi/.


Il s'agit en réalité de 歇后语 (xie1hou4yu3) et non de 成语 (cheng2yu3)¹.
Me référant à un ouvrage de Patrick Doan "Calembours et subjections de
la langue chinoise" (歇后语选集) aux éditions You-Feng qui explique en
avant-propos ce dont il s'agit :


/Xiehouyu/ signifie littéralement 'propos après la pause'. Mentionné
pour la première fois dans l'Histoire des Tang (année 898) sous la forme
de /xiehoushi/² 'poème après la pause' : un gentilhomme est sommé
d'apporter dès le lendemain la fin d'un poème dont on lui impose le début. (...)
Aujourd'hui les /xiehouyu/ ont pris une voie originale : ces expressions
font appel à des jeux de mots sur les homophones, fréquents en chinois,
utilisent une langue simple, parfois vulgaire, voire graveleuse, à la
portée de tous les esprits.
Un /xiehouyu/ se scinde en deux parties : la première présente la
situation, c'est le sujet ; la seconde, qui peut ne pas être énoncée,
est la réponse à la question que pose la première partie, c'est souvent
un prédicat. Elle survient après une pause, ce qui explique l'origine du
terme /xiehouyu/. 》


Quant à vouloir briller en société avec, c'est une litote de dire que la
langue est parfois vulgaire :^)
Un petit dernier de circonstance, pour la nouvelle année :
好斗的山羊 -- 又顶又撞 (hao4dou4de shan1yang2 / you4ding3you4zhuang4)
Le bélier belliqueux ... coups de corne, et de tête

(répliquer vertement, contredire)

______
¹ La frontière entre les deux n'est pas toujours très nette,
  on peut ainsi tomber sur :
盲人摸象 -- 各执一端
  dont la première prémisse est à elle seule un chengyu.
  (Les aveugles tâtant l'éléphant -- n'en touchent qu'une partie)
  En somme :
裤裆里放屁 -- 两岔
  le pet au fond du pantalon... a deux voies de sortie !

  Une référence très complète sur les chengyu, dégotée
  en Malaisie :
学生成语词典 (http://www.uph.com.my/booksd/dc0010.htm)

²
歇后诗

Gbog:

Sur l'humour de Mao, on peut noter aussi qu'il s'est comparé à

Li Kui, le fameux Tourbillon Noir du Shuihu zhuan - Au bord de l'eau.

Fallait oser...