UNE APPROCHE                         SIMPLIFIÉE

Au départ, question simple de Law 

(début mai 2002 sur fllc):

"Est-ce que les chinois comprennent et se servent du chinois simplifié?

Est-ce qu'en n'apprenant que le chinois simplifié on est après en mesure de comprendre du chinois traditionnel par exemple si on va en Chine?"

Gianni, un tantinet narquois:

Vu qu'en Chine on utilise le simplifié, 

                                        la réponse est oui ;-)

Symbian, affirmatif:

Je tiens à rectifier, on utilise le chinois simplifié dans certaines parties de la Chine.
Tout dépend de la région où tu vas.
Mais il me semble que tu auras beaucoup plus de chance de pouvoir te faire comprendre en écrivant en chinois traditionnel

Compilateur, veillant au grain:

??? (sans erreur d'encodage).
Le chinois simplifié, comme disait Law, ce sont les caractères en usage en Chine continentale (toute la Chine continentale) et à Singapour. 

Les autres caractères (dits traditionnels, bien que certains soient également simplifiés au regard de leur graphie classique) sont en usage à Taiwan, et au Japon.

Ceci étant, de nombreux caractères traditionnels n'ont jamais été simplifiés.
La distinction entre traditionnels et simplifiés n'influence évidemment pas l'oral.
Vous pouvez souhaiter vous reporter à la FAQ, et notamment
faqfllc/PartIII.htm#simplification ou faqfllc/PartII.htm

C'EST ALORS OU À PEU PRÈS QUE GIANNI ÉCRIVIT,  VOULANT TANCER UN PARTICIPANT DE FLLC QUI S'EXPRIMAIT EN ANGLAIS:

>
在这儿应该说法语 (zai zhe'r yinggai shuo fa yu, Ici il faut parler français), 

ET PROVOQUA UNE JOLIE ENFILADE SUR LA SIMPLIFICATION DES CARACTÈRES.

William

je veux bien répondre mais il ne parle pas français le monsieur forcément !!
En plus le chinois simplifié c'est un jeu de devinette pour moi ....

Siva
月影

    Une solution pratique : copicoller le texte en simplifié dans un traitement de texte comme
南極星 et le faire basculer en chinois traditionnel.

    Ainsi
在这儿应该说法语 => 在這兒應該說法語, ce qui devient d'un coup très lisible. 

Je dois dire qu'à force de travailler sur des ouvrages majoritairement écrits en simplifié, j'en viens à reconnaître (sans pouvoir les tracer), les caractères en question, du moins les plus fréquents. La plupart du temps, je dois utiliser un convertisseur.

J'ai même, un instant, pensé abandonner les traditionnels pour pouvoir accéder à plus de documents, mais un blocage m'en empêche ; c'est une question purement esthétique, qui fait d'ailleurs que j'identifie tout de suite du simplifié au premier regard : je trouve les caractères traditionnels bien plus « élégants ».

    Je n'avale toujours pas la transformation du très beau
en cette chose qu'est (long, dragon).

Georges Ko: 

    Et
par ...

(NDC - Yi, art talent. Moi, je trouve cela plutôt extraordinaire d'avoir osé une telle simplification dont la portée idéologique est évidente. L'art calligraphié n'est-il pas d'un coup bien plus populaire que par l'emberlificoté ? )

William

 C'est surtout ce caractère
() et () que je connaissais pas.
D'ailleurs le
me parait pas très logique puisque le caractère simplifié du "yen2" en composition c'est en principe la partie à gauche de .

Mon oncle qui adore la calligraphie (bah normal il en a fait son métier) m'a fait remarquer que le mot simplifié de aimer ne comporte pas de coeur (par rapport au caractère traditionnel), il m'a dit que la simplification est certes plus facile à apprendre mais que les simplifications sont parfois abusive, inutile souvent et qu'ils n'ont pas de sens (je suppose qu'il fait référence à l'évolution des caractères).

Siva

    La preuve :
=>

    Le nombre de caractères éborgnés par la simplification est assez important. 

Certains perdent toute leur poésie : 

une paire, <shuāng>, est représentée par deux oiseaux () sur une main (), soit

qui deviennent après simplification, deux mains,

Le pays, autre agrégat logique, représentant un lieu enclos () dans lequel se trouvent des soldats, symbolisés par la hallebarde () ainsi que la population à nourrir, symbolisée par la bouche, (), donne le très beau <guó> , devenu du jade, , dans un lieu enclos, , soit .
C'est poétiquement intéressant, mais éloigné du sens symbolique de départ. 

Ce qui me gêne le plus, pour ma part, c'est la poésie en simplifiés : vu que l'aspect visuel des caractères compte énormément, un poème en simplifié perd une grande partie de son sens.

Bon, il faut reconnaître que la simplification a du bon, permettant ainsi aux masses d'apprendre plus facilement les caractères, mais c'est, culturellement,  une grande perte. 

Le sujet est vaste, il me faudrait plus de temps pour développer un peu plus.

Pierre Guillemot

J'avais cru comprendre que l'usage des caractères simplifiés était une question politique, le simplifié étant obligatoire en Chine Populaire pour tout ce qui est officiel.
Or je viens de voir l'affiche bilingue chinois-anglais d'une exposition internationale d'art moderne à Beijing (en 1999) où "guo" était le caractère traditionnel. 

Le propriétaire de l'affiche, qui était allé à l'exposition, m'a assuré que c'était bien un évènement officiel.

Ma pensée sur la valeur politique du simplifié est-elle correcte ?

William
Je croyais que l'usage du chinois simplifié était surtout pour rendre le chinois le plus accessible possible (réforme de la chine communiste),

Maintenir les caractères traditionnels, si c'est pour de l'art c'est normal: le simplifié est par définition simple ... donc pas beau 

La raison profonde est sans doute politique aussi. Car à l'époque tout ce qui était "vieux" était forcément anti révolutionnaire...

JVG
 Juste un mot en passant ...

L'avantage considérable des caractères simplifiés est le fait ... qu'ils sont simplifiés. La Chine populaire n'a pas le monopole de la simplification, les Japonais s'y étaient mis un peu plus tôt.

La réforme orthographique (car c'est en fait de cela qu'il s'agit) a été poussée beaucoup plus loin sur le continent dans les années cinquante - sans pour cela qu'il faille s'imaginer un grand bouleversement.


Les caractères simplifiés sont au nombre de quelques centaines, et figurent sur cinq ou six pages dans les dictionnaires grand format. Ils perdent certes parfois en signifiant, et peuvent parfois moins retenir l'oeil d'un point de vue esthétique - affaire de goût ou d'école.

Personnellement, je n'ai réellement commencé de pratiquer les caractères traditionnels qu'au fil des messages de ce forum, et dois avouer que
l'informatisation, facilitant l'accès, leur donne un charme que je ne leur connaissais pas. Y compris celui de discussions passionnées sur le nombre de traits de la tortue (que nous avions eu sur fllc et que j'ai repris sur place avec une mienne amie, et les mêmes arguments).

Il faut savoir que les jeunes Chinois se familiarisent assez tôt avec les caractères traditionnels, que la Chine populaire n'a pas jeté aux poubelles de la culture. 

Les cartes de visite que je viens de me faire faire, sur un modèle simplifié, ont été automatiquement transformées par l'imprimeur pékinois en traditionnels - "plus sérieux".

Il est possible qu'avec les progrès de l'éducation depuis cinquante ans un retour aux caractères traditionnels soit envisageable en Chine populaire sans nuire au niveau globale d'alphabétisation. Mais il est moins sûr que, sans l'étape simplificatrice, le niveau requis pour une culture de masse aurait pu être atteint par les centaines de millions de Chinois.

La volonté de rupture avec le passé était certes très forte en 1949 - et l'objectif était d'alphabétiser le chinois en utilisant les lettres latines.

Cette réforme qui, elle, aurait été radicale n'a pu être menée à bien en raison du trop grand nombre d'homophones.

Comme la tentative précédente d'alphabétisation du Gouvernement Sun Yat-sen (BoPoMoFo) n'avait pu non plus être menée à bien.

Laurent

Ah, j'ajoute mon grain de sel. 

La beauté est subjective ; j'en parlais justement, dans un cybercafé parisien, avec un couple d'Américains-chinois de Phoenix, né/es en Malaisie, en expliquant que la beauté des simplifiés apparaît plus facilement à ceux qui, comme moi, ont pris contact avec le chinois écrit par l'intermédiaire de ces caractères.

Et les ordinateurs sont un peu à la traîne. 

Le caractère donné en exemple par Georges,  « Et par ? », est écrasé verticalement, par un écran pourtant de bonne qualité, la police de caractères étant très probablement Arial Unicode 

Pourtant, en augmentant la taille,  c'est bien
qui est déclaré plus joli que par un témoin indépendant (le patron du cybercafé où j'écris maintenant), témoin ne lisant pas le chinois. Et mon voisin de cybercafé (sans connaître cette opinion et ne lisant pas non plus le chinois) trouve également plus joli que (en commentant « il est plus compliqué », adjectif qui indiquerait presque une connaissance du chinois ! puisque, sauf erreur de ma part, c'est l'adjectif utilisé en chinois pour «non simplifié » ou « traditionnel »).

- D'autre part (hormis la question de la beauté), Viviane Alleton (dans son "Que sais-je" sur l'écriture) explique que certaines simplifications ont «enregistré » des simplifications déjà pratiquées par les gens.

Voilà le type de réforme orthographique du français à laquelle je ne serais pas vraiment opposé ("Plumons l'oiseau", d'Hervé Bazin, notant que l'orthographe traditionnelle de « wazo » ne comporte aucune lettre "phonétique"... un peu comme le japonais, en somme !). 

Gianni, revenant au précédent, donc à 
Pierre Guillemot:


> Ma pensée sur la valeur politique du simplifié est-elle correcte ?
>

Je ne pense pas. La simplification des sinogrammes était "dans l'air" dès la fin du XIXe siècle. À la chute des Qing, la plupart des intellectuels républicains pensaient que la fin des sinogrammes suivrait dans la foulée.

Le Japon sous administration américaine simplifia beaucoup de kanji dès 1945, soit onze ans avant la RPC. L'équation "simplification des sinogrammes" = "communisme" est donc fausse, d'autant plus que les Singapouriens utilisent les sinogrammes simplifiés.

Julien Daux

Peut-être, mais la proportion de caractères modifiés est infime en japonais, alors qu'elle est écrasante en chinois.
De plus, aucune des simplifications japonaises ne nuit à l'esthétique du caractère, ce qui est très loin d 'être le cas en chinois.

Par ailleurs, certains kanji existent (ou plutôt co-existent) sous leur deux formes, et la simplification (une  complication en fait ) a pratiquement créé deux kanji distincts aux emplois distincts pour un seul et même kanji originel.

[Siva

    Tu aurais des exemples ? Ce que tu dis là est vraiment intéressant, et j'aimerais bien me rendre compte de la réalité de la chose.]


Le japonais a surtout simplifié des kanji "en bloc" (soit indécomposables, soit par suppression de composantes, soit par fusion de composantes pour donner une composante qui existe déjà ) si je puis dire, c'est-à-dire pas comme le chinois qui a redéfini les briques (clés, ....) en leur donnant une forme complètement nouvelle, qui intervient récursivement sur tous les caractères qui les contiennent.

[NDC. Où avez-vous pris que le chinois avait "redéfini les briques (clés, ....) en leur donnant une forme complètement nouvelle, qui intervient récursivement sur tous les caractères qui les contiennent" ? Un tour sur simplifier.htm vous montrera que les choses ne sont pas si simples ...]

J'avais toujours pensé que le choix de la nouvelle graphie pour un bloc ou une brique en chinois avait été un choix ex nihilo, mais j'ai vu des japonais utiliser le simplifié de "men"
=> (la porte) lorsqu'ils écrivent à la main. En fait, la simplification chinoise est peut-être rentrée dans les classes en 1945, mais au pinceau, ces formes semblent avoir été utilisées depuis beaucoup plus longtemps.

JVG

N'exagérons pas l'ampleur du processus de simplification en Chine populaire.

On compte environ 5.000 caractères simplifiés en chinois, soit environ 10% du lexique - ce  sont il est vrai souvent des caractères courants.
Voir simplifier.htm

Quant à l'esthétique, c'est une affaire de ... goût. 

Si je suis prêt à partager la préférence de sur déjà exprimée ici (un dragon se doit d'être écailleux), et me régale davantage de que de (curieux de
confondre tortue et hippocampe), je me sens plus attiré par le racé équin de
que par un trop proche du gypaète barbu.

Siva

D'accord avec vous, il ne s'agit que d'une question de goûts, et de gustibus et coloribus, non disputandum comme pourrait dire Iulius. 

Mais tout de même, un cheval sans ses pattes ! 

Ce , pour moi, manque singulièrement d'énergie (il est trop vide), tandis que semble à l'aise, campé sur ses pattes, fièrement. 

D'ailleurs, quand il est calligraphié, le jeu sur les quatre points du bas est souvent mis à profit ; je vois souvent, dans les épiceries chinoises de Montpellier, des affiches célébrant la nouvelle année du Cheval (et, concurremment, celle du riz nouveau...) : résultat, même si l'affiche est (rarement, puisque ce sont des Chinois d'outre-mer) en simplifiés, le caractère lui-même jaillit,

  les pattes dressées comme un cheval se cabrant, ce que le caractère simplifié ne permet pas. 

Remplacer des pattes par un rail, truc fréquent des simplifications, me déplaît (comme dans / etc.)

Tiens, au fait, j'ai trouvé que
est une simplification typiquement japonaise (d'ailleurs, les traitement de texte chinois comme NánJíStar ne le connaissent pas); il s'agit de la partie de gauche du hànzì complet,, dont la clef de la chair, celle qui ressemble à la lune, , a été modifiée pour devenir celle que l'on utilise pour le tétard simplifié, .
Bref, il ne lui reste que la stature debout,
et le tétard. Pourquoi ne pas avoir gardé seulement les écailles, mystère...

[Lolal: Ben ce n'est pas vraiment un secret. N'importe que dictionnaire d'idéogrammes japonais te dira que le dragon s'écrit en traditionnel et en simplifié. 

Mais c'est vrai que quand on apprends le japonais, on prête moins l'attention aux idéogrammes simplifiés/traditionnels.
Malgré tout, je crois bien que le dragon est quand même l'exemple le plus connu en japonais.
Ce qui est intéressant, c'est de regarder les idéogrammes qui ont le dragon comme partie. 

En général le dragon a été simplifie de la même manière. Par exemple la cascade "taki" s'écrit la clef de l'eau et le dragon (simplifié). 

Mais à l'origine cela s'écrivait bien sûr avec un dragon non simplifie :

Il y a trois ans j'ai habité dans un coin de Tokyo qui s'apellait "takinogawa" 

(滝野川), et bien souvent les plaques des poteaux électriques indiquaient

瀧 野川, avec la version non simplifiée. 

Par contre ce qui est étonnant, c'est qu'il arrive que le dragon ne soit pas simplifié, comme dans "attaquer"  (襲う, osou), qui fait pourtant partie des 1945 ideogrammes officiels japonais...]

JVG

Ce qui me gêne dans le cheval traditionnel c'est la briéveté des pattes. Je parlais de gypaète, pense maintenant à une chenille trop poilue. Je sais bien que les chevaux des steppes sont courts sur pattes, mais tout de même, on me semble trop éloigné de ce que j'imagine cheval de plein exercice.

Tandis que , avec son trait que vous appelez rail, donne la sensation de vitesse que connaissent les grands coursiers.

Pour la simplification du dragon japonais, vous avez là sans doute un de ces exemples que vous recherchiez (doublon de caractères). 

A noter, pour ce qui est de que la partie basse, s'il s'agit vraiment du tétard, est elle-même simplifiée 

de en avec une curieuse coïncidence avec l'électricité, .

[Siva: C'est en fait ce qui m'a peut-être induit en erreur : est-ce vraiment la clef du têtard ? Maintenant, j'en doute. Ce qu'il faudrait, c'est trouver le sens ancien du radical , que j'ignore.

JVG: Têtard étêté ... se trouve dans forme non simplifiée décomposée en yu la pluie plus shen étaler. Même incurvation caudale dans (yan, grand-étirer, couvrir) et ses dérivés.  serait deux mains abaissées (jú, partie haute de la clef du rat ) entourantle corps dressé (tout cela d'après zhongwen).]

Compilateur, poursuivant:
Quelques exemples intéressants de simplifications optionnelles japonaises ou chinoises sur http://www.unicode.org/charts/PDF/U2E80.pdf  avec les Unicodes hexadécimaux malheureusement non supportés par les systèmes classiques - où l'on voit que la tortue japonaise est simplifiée par rapport à la chinoise
traditionnelle, mais différemment de la continentale alors que toutes deux ont
pour corps &#x2EF1;&#x2EF2;&#x2EF3; 

ou que la dent japonaise simplifiée contient en coeur de gencive un épi de riz mi au lieu d'un chicot en forme d'à peu près homme ren  en chinois 

(quatre molaires en traditionnel, chî).
Il serait très intéressant, à partir par exemple de simplifier.htm de regarder d'un peu plus près les 132 caractères simplifiés également utilisés en composition, pour voir s'il y a une logique dans la simplification. 

 

Siva parlait de => , aimer, le coeur disparaît mais la marche pénible (clef 57) est remplacée par l'amitié , ou de =>, par lequel l'essence du pays n'est plus l'armée mais la richesse - bien des arrière-pensées possibles derrière de telles simplifications.

Par contre le passage 亚 亞 ne semble guère marqué idéologiquement, non plus que par exemple , naguère .  

Juste un mot pour finir: qui peut sérieusement penser que l'étudiant prenant des notes sur un cahier, sous la dictée d'un professeur, va prendre le temps de tracer tous les traits de, par exemple,  remplacé par

Cela fait très longtemps que le pinceau n'a plus cours dans la vie quotidienne et que, en Chine comme ailleurs, le temps presse. 

Une bonne partie des simplifications correspond donc sans doute à des habitudes d'écriture rapide (une sorte de sténographie) codifiées à un moment donné par des linguistes officiels. Pourquoi cela serait-il moins acceptable que les "cad" ou "etc." pour c'est-à-dire, et coetera ?
 

Siva:  Pour ces caractères, 亚 亞, 马 馬, il s'agit la plupart du temps de simplifications calligraphiques, souvent utilisées dans le 草書 <cao3shu1> (« style d'herbe », cursive calligaphique « folle ») voire dans le 行書 <xing2shu1> (« cursive courante »). Les points transformés en rail sont, à ce titre, non marqués sémantiquement.

JVG: Voir (en anglais) sur http://zhongwen.com/jian.htm une (je trouve) intéressante analyse de la simplification des caractères, avec ses qualités, ses insuffisances, et les difficultés que ces dernières peuvent susciter.

Siva:
Pour tout vous dire, quand je fais mes exercices, non pas sous la dictée puisque j'apprends seul, je résiste à la tentation d'utiliser des simplifiés, pour
=> par exemple et, surtout, => (d'autant plus que, pour ce dernier, il m'est vraiment difficile d'obtenir un caractère propre et de même taille que les autres ; trop de traits)... Mon amie taiwanaise, qui m'a initié au chinois, n'avait pas ces scrupules, d'autant plus que sa formation de calligraphe professionnelle lui permet de savoir quelles sont les simplifications présentes dans les textes anciens, que, fidèle à la tradition, elle se permet d'utiliser. 

Iulius s'était d'ailleurs interrogé:

Lorsque les Chinois prennent des notes, des compendia de cours par exemple, comment parviennent-ils à écrire rapidement les éléments importants ?

Existe-t-il des techniques particulières ? Ou écrivent-ils en pinyin ?
Et s'ils ne connaissent pas certains sinogrammes, ce qui pourrait arriver (dans un cours d'histoire ?), ils ne peuvent plus retranscrire l'événement correspondant. Déjà, rien que le fait d'écrire une date (1965 pour la Révolution culturelle) prend pas mal de temps (plus que dans l'écriture occidentale du moins).

Peut-être existe-t-il des aménagements dans les devoirs aussi ?

Pour rédiger une dissertation (philosophique, d'histoire...), ils doivent s'appliquer ; cela doit prendre passablement de temps. Sont-elles alors plus courtes, ou les épreuves durent-elles plus longtemps, ou les sujets sont moins longs que chez nous (maths) ?

Siva:

Je pense tout simplement qu'ils écrivent dans le style calligraphique dit « courant » (au sens de « courir » ; 行書 <xing2shu1>), qu'il est d'ailleurs difficile de lire sans entraînement ; c'est un style moins abrégé que le style d'herbe caoshu 草書 <cao3shu1>, mais fortement cursif. Un Chinois peut écrire ainsi très rapidement.
Pour en avoir vu à l'œuvre, je puis certifier qu'une prise de notes en xingshu n'a rien à envier, quant à la rapidité, à celle que nous pratiquons. Si le sujet vous intéresse tant que cela, je crois disposer d'un fac simile de notes d'un étudiant chinois, étudiées dans le cadre d'un ouvrage sur la calligraphie, scanné ci-après:

Le 《學生六體書法小字典》 「《学生六体书法小字典》」(Petit dictionnaire calligraphique de caractères classés selon les six styles, à l'usage de l'étudiant), presses de Pékin distingue différents styles graphiques. Dans l'ordre : (1) 小楷書 xiǎo kǎishū (petite régulière), (2) caractères d'imprimerie traditionnels, (3) 大楷書 kǎishū (grande régulière), (4) 行書 xíngshū (courante), (5) 草書 cǎoshū (style d'herbe), (6) 隸書 lìshū (chancellerie) et (7) 篆書 zuànshū (sigillaire).

L'illustration à suivre en reproduit certaines ...

NDC - Ces notes pour intéressantes et instructives qu'elles soient ne me semblent pas correspondre tout à fait à ce que nous pourrions avoir à l'esprit en parlant "d'écriture rapide". Les caractères (xingshu) sont en effet toujours relativement bien tracés, et presque lisibles. A noter, car c'est rare, que dans le manuel "Le chinois autrement", Yves Wintrebert et Lei Ruian donnent, pour chaque leçon, un exemple de texte manuscrit lié au sujet étudié.

Rien à voir avec les pattes de mouche que l'on imagine et qui correspondrait à l'écriture rapide, pratiquement sténographique, avaleuses de voyelles et parfois symbolique que l'on pratique étudiant de par chez nous (ex. tt a ft OK pr dire Ch.lgue diff, mais poss.appr. si tps & ptnce). 

Me ressouvenant de ce que les spécialistes inscrivaient à l'époque sur le "cahier d'acupuncture" pour le traitement de Fille aînée, j'ai l'impression que l'illisibilité des médecins chinois valait celle des nôtres ...

Siva: Certaines idiosyncrasies sont intéressantes : ainsi, mon amie de Taiwan remplace souvent la particule de structuration syntaxique
<de5>, très fréquente, par le hiragana japonais dans ses notes.

Pour ce qui est des mots inconnus, je crois qu'ils notent l'inconnue en question par un caractère de prononciation identique, quitte à corriger plus tard. À Taiwan, il me semble que certains étudiants complètent leurs lacunes par du zhuyin fuhao, mais c'est assez rare.

Quant au pinyin, peu de Chinois le maîtrisent, à ce que me dit un ami professeur natif du Sichuan.

NDC. Votre ami a peut-être des problèmes de conjugaison - ce qui serait normal, en somme (faqfllc/PartV.htm#temps ). 

Il est vrai que les chinois d'âge, disons, moyen avancé, ceux qui sont passés par la révolution culturelle, étaient peu familiers du pinyin et ont dû s'y mettre avec les progrès de l'informatique. 

Les générations plus jeunes le maîtrisent par contre parfaitement en Chine continentale, puisque le pinyin est enseigné depuis l'âge de six ans, tout comme elles connaissent aussi les caractères traditionnels (c'est en option) - mais pas, apparemment, le BoPoMoFo. 

Siva:   J'ai épluché, rapidement, la page des simplifiés de Jean-Victor, et en ai extrait quelques caractères dont je connais l'origine.

 Voici quelques paires de caractères traditionnels qui, en se simplifiant, ont changé de sens ou de connotations ; dans l'ordre :

 
traditionnels => simplifiés / prononciation / sens général

_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / bǐ / outil pour écrire
    Le caractère traditionnel représente une main tenant un petit outil (
yù ; cf. qī « femme tenant un balais » => « épouse », ou shū « main tenant ou outil et traçant une ligne sur une surface » => « livre » ou encore huà « main tenant un outil et traçant plusieurs traits sur une
surface » => « trait »), le tout placé sous la clef du bambou, pour montrer la matière de l'outil en question ; le simplifié ne garde que la main, qui ne tient plus rien.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> 齿 / chǐ / dent
    Le traditionnel possède plusieurs dents dans une bouche, réduites à une seule dans le simplifié.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / cóng / depuis
    Pour le traditionnel, il s'agit de la clef du mouvement (
chì) puis deux hommes () se suivant et celle, abrégée, de la marche à pied ( zú), réduite à deux hommes en simplifiés.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / diàn / électricité
    Les nuages pluvieux (
yǔ), à l'origine de l'électricité orageuse, ont disparu.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / dòu / combat
    Le traditionnel représente deux hommes face à face combattant avec les poings, remplacés par une clef de même prononciation mais sans aucun rapport sémantique, celle du boisseau (au ton 3), représentant dix louches (
  shí) de grains ( diǎn).
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / fèng / phénix
    Un oiseau à longue queue (
niǎo), disparu dans la simplification, semblant contenu dans une zone délimitée (utilisée en fait pour des raisons phonétiques ; il s’agit de fán).
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / fēng / abondance
    Une grande quantité de nourriture (des plantes en abondance,
fēng) placée sur un vase à piédestal ( dòu), disparue lors de la simplification.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / fēng / vent
    Une voile gonflée par le vent, remplacée par une croix. Notez le rapport étymologique avec l'insecte (
chóng), selon la tradition ancienne qui voulait que les insectes naquissent du vent. Le caractère le plus ancien représentait le soleil, le mouvement et l'expansion, selon un rapport sémantique reprenant l'idée que le vent fait croître.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / huà / trait
    Cf. supra ; de la main tenant un outil et traçant deux traits se croisant ne restent que les traits, mieux encadrés cependant.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / kāi / ouvrir
    Deux mains poussant la barre transversale (
kāi, dérivé de gǒng, deux mains jointes) qui bloque deux ventaux d’une porte ( mén). Les ventaux ont disparu.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / lǐ / rite
    La clef de la vénération (
shì) suivie de récipients servant à la divination ( dòu, coupe à piédestal, et qū, coupe en bois gravée). Le simplifié n’a rien conservé de cette vaisselle, remplacée par un phonogramme, yǐ, des pousses sortant avec effort. L’idée d’effort n’est pas absente de celle de « rite ».
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / líng / esprit (du monde des esprits)
    Les nuages pluvieux (
yǔ), trois bouches ( kǒu) et deux hommes (rén) définissent des pratiques chamanistes : deux sorciers invoquent les éléments ; le simplifié utilise le groin (, prononcé autrefois jì) et le feu ( huǒ), pour des raisons que je ne comprends pas. D’après Zhongwen, il s’agit non pas du groin mais d’une variante rare de la main, posée au-dessus du feu.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / mǎi / acheter
    Un œil (
mù) au-dessus d'un coquillage cauri ( běi), symbole de richesse. L'œil examine la valeur d'un objet avant l'achat ; le simplifié utilise la mesure de capacité du boisseau ( dǒu ; cf. supra).
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / mèng / rêve
    Bien que l’origine de ce caractère ne soit pas claire, l’on reconnaît bien l’œil (
mù) et la nuit ( xì) ; c’est une vision nocturne, ce que l’on voit les yeux clos. Le simplifiée se sert de lín, la forêt. Peut-être l’idée que c’est la nuit que la forêt est peuplée de créatures oniriques ?
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / qì / souffle
    L’on reconnaît dans le caractère traditionnel la vapeur (
qì) et, au-dessous, le riz ( mǐ) ; le caractère complet représente donc la vapeur s’échappant d’une casserole où cuit le riz, lequel disparaît du simplifié.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / shū / livre
    Cf. supra ; il s’agit de la main tenant un outil (
yù) lui servant à tracer des traits sur une surface, représentée ici par la bouche qui parle ( yuē), que l’on peut aussi comprendre comme la parole que l’on fixe par écrit. Il n’en reste rien après simplification.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / shuāng / paire
    Deux oiseaux à queue courte (
zhuī) placés sur une main simplifiée (yòu) évoquent poétiquement la paire. Les oiseaux se sont envolés, et ce sont maintenant deux mains qui évoquent l’idée de binarité.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / tǐ / corps
    Un ensemble complexe comprenant l’os (
gǔ) et la vaisselle divinatoire ( lǐ ; cf. supra), pour des raisons phonétiques mais aussi symboliques : le corps est un constituant  sacré autant que physique de l’homme ; l’alchimie autant que les arts ésotériques visaient à obtenir un meilleur fonctionnement du corps, réceptacle des énergies vitales. Le simplifié utilise une variante ancienne, composée de la clef de l’homme (rén) et de l’origine ( běn ; la base de l’arbre). Le corps est en effet l’élément fondamental de l’humain.
_‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗‗_
=> / xué / apprendre
    C’est enfant (
zǐ) portant un livre représenté pictographiquement par des pages cousues ensembles (un caractère – non pas utilisé ici avec sa valeur de « mortier » – à l’intérieur duquel l’on voit les coutures, représentées par reliant les pages ; Zhongwen propose une autre étymologie : <http://zhongwen.com/d/164/d248.gif>) ; le caractère moderne a fait s’envoler le livre, et l’a remplacé par trois points, peut-être les idées qui jaillissent de l’enfant lorsqu’il apprend ?
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=> / yún / nuage
Des nuages porteurs de pluie (
yǔ) et des vapeurs nébuleuses ( yún), utilisées autant sémantiquement que phonétiquement : les vapeurs montent du sol et forment les nuages. Le caractère simplifié ne garde que ces
émanations. Anciennement, le caractère
signifiait « parler » : des paroles s’échappant de la bouche comme des vapeurs.
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=> / zhī / élément d’une paire
 Cf. supra
; pour désigner un seul des éléments d’une paire, on a laissé l’un des oiseaux s’envoler ; le simplifié utilise à la place pour sa valeur phonétique. Adieux les images poétiques…

   Tiens, j'oubliais celui-là :

=> /rèn / connaître (quelqu'un)
    Le caractère est un idéogramme utilisant trois pictogrammes : 

yán « parole » (une langue sortant de la bouche, kǒu), dāo « couteau » et xīn « cœur ». 

Notez le trait sur le couteau, ce qui signifie qu'il faut considérer sa lame, rèn. Le caractère sert aussi de phonogramme. Il est possible de comprendre l'agrégat idéographique ainsi : connaître quelqu'un, c'est se servir de la parole comme d'une lame pour trancher le cœur, l'intimité, et ainsi avoir accès à ce qu'est réellement cette personne au fond d'elle-même. 

Lors de la simplification, outre l'utilisation de yán en style courant, au lieu de , simplification très ancienne, on note la disparition de la lame ouvrant le cœur au profit de l'homme, rén, utilisé comme phonogramme. « Connaître » devient alors la conséquence de ce qu'il arrive lorsque l'homme se sert de la parole, l'activité naturelle de tout être doué du langage. Ce n'est pas mal non plus.


Compilateur:

Merci pour cet effort d'explicitation, heureux complément aux échanges précédents. Je ne dirais pas, soit écrit en passant, que les caractères ont "changé de sens" avec la simplification. Ce que vos exemples montrent c'est que, souvent, la symbolique elle-même a été simplifiées, et que la suppression de ce qui était perçu comme redondance a permis d'aller vers une graphie moins complexe. Ci-après quelques commentaires dans le corps de votre texte ...
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=> / bǐ / outil pour écrire
|     le simplifié ne garde que la
| main, qui ne tient plus rien.
 
La main et le bambou pour symboliser le calame - beau comme de l'hiéroglyphe. 

Pas besoin d'en suggérer plus ...
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=> 齿 / chǐ / dent
|     Le traditionnel possède plusieurs dents dans une bouche, réduites à une seule dans le simplifié.

 
Y'a qu'un ch'veu sur la tête à Mathieu, y'a qu'une dent, y'a qu'une dent ...
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=> / cóng / depuis
|     Pour le traditionnel, il s'agit de la clef du mouvement (
chì) puis deux hommes () se suivant et celle, abrégée, de la marche à pied ( zú),réduite à deux hommes en simplifiés.
 
L'homme suivant l'autre, signe du temps qui passe ou de la progression dans l'espace. Pas d'ambiguïté, caractère très fréquent, on est allé vers l'essentiel.
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=> / diàn / électricité
|     Les nuages pluvieux (
yǔ), à l'origine de l'électricité orageuse, ont disparu.
 
(shen) qui a donné (dian) a une grande force symbolique - sert aussi à abréger Shanghai. Voir dans la suppression de la pluie comme source de l'électricité une expression de la valeur de cette dernière pour la nouvelle Chine (le socialisme, c'est les Soviets plus l'électricité) ? 
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=> / dòu / combat
|     Le traditionnel représente deux hommes face à face combattant avec les poings, remplacés par une clef de même prononciation mais sans aucun rapport sémantique, celle du boisseau (au ton 3), représentant dix louches (
  shí) de grains ( diǎn).
 
Il s'agit effectivement de regrouper sous une même graphie deux caractères homophones mais de sens très différents. Peut-être ressemblait-il trop à (marque du pluriel) très fréquent, dont la simplification en aurait eu plus de mal à s'imposer si avait persisté ?
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=> / kāi / ouvrir
|     Deux mains poussant la barre transversale (
kāi, dérivé de gǒng, deux mains jointes) qui bloque deux ventaux d’une porte ( mén). Les ventaux ont disparu.
 
Deux mains qui poussent une barre transversale, pour exprimer "ouvrir", ne s'en contente-t-on pas ?
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=> / xué / apprendre
|     C’est enfant (
zǐ) portant un livre représenté pictographiquement par des pages cousues ensembles (un caractère – non pas utilisé ici avec sa
| valeur de « mortier » – à l’intérieur duquel l’on voit les coutures, représentées par
reliant les pages ; Zhongwen propose une autre étymologie : <http://zhongwen.com/d/164/d248.gif>)
 
Pas très éloignée cependant ( mouvement de va et vient. Zhongwen parle aussi des "huit diagrammes" mais ce yao ne figure pas au nombre des trigrammes (également huit) du Yiqin)
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=> / yún / nuage
|     Des nuages porteurs de pluie (
yǔ) et des vapeurs nébuleuses ( yún), utilisées autant sémantiquement que phonétiquement : les vapeurs montent du sol et forment les nuages. Le caractère simplifié ne garde que ces
| émanations. Anciennement, le caractère
signifiait « parler » : des paroles s’échappant de la bouche comme des vapeurs.
 
Surtout à Pékin en février ...

Allons, après tous ces efforts d'intellectuels, il est temps de reposer. 

Comme on lit sur le mur des usines chinoises:

 高高兴兴上班,

平平安 安回家。

Gaogao xingxing shang ban,

pingping anan hui jia,

joyeux-joyeux aller au travail, 

sûrement-sûrement rentrer chez soi ... 

Siva, infatigable:  Je propose l'utilisation du « truc » (mais quel est son nom ?) japonais que j'ai découvert il y a peu, et bien pratique, « » : 

高 々兴々上班,々安々静 々回家 

On l'utilise, en Chine ?

JVG: Ideographic iteration mark. 

On l'utilise en effet, voir
http://www.microsoft.com/globaldev/reference/dbcs/936/936_A1.htm  en chinois également. Sais pas cependant où cela figure dans IME - si d'aventure. 

Pour les amateurs &#x3005; ou &#12283; 

Et le fil s'interrompit, sur ce sursaut idosyncrétique ...

MAJ 25.5.02, jvg

 

Idosyncrasie:

LING.(empr. à l'angl.). Tendance des sujets à organiser les règles générales de formation des mots d'une même langue de manière différente selon leurs dispositions intellectuelles ou affectives particulières. On envisagera successivement trois types d'« irrégularités » dans le lexique :  les idiosyncrasies;  les lacunes accidentelles;  l'existence de processus non productifs à côté des processus productifs de formation des mots